Texte d’Olivier Le MĂ©ner, Fondateur Owl Active et coach de dĂ©fis
Quand on parle de progression en course Ă pied sans se blesser, on pense immĂ©diatement Ă plan dâentraĂźnement physique et quantification du stress mĂ©canique. On s’interesse aussi Ă la nutrition et la prĂ©paration mentale.
Mais quâen est-il du plan de rĂ©cupĂ©ration ou de repos ? Souvent oubliĂ©, le plan de rĂ©cupĂ©ration est pourtant le plus important pour progresser tout en Ă©vitant les blessures.
Je me suis donc intĂ©ressĂ© Ă titre personnel Ă ce sujet. Attention, il ne s’agit pas ici d’Ă©tudes cliniques ou scientifiques, je me suis basĂ© sur mon expĂ©rience de coureur et de coach auprĂšs d’athlĂštes en ultra-endurance.
Pourquoi le plan de récupération est-il si important dans notre progression?
Lors d’un effort physique sans aucune intensitĂ©, mes muscles et tendons sont soumis Ă des sollicitations plus ou moins contrĂŽlĂ©es et adaptĂ©es. Ensuite, lors de ma phase de repos, mes muscles se rĂ©gĂ©nĂšrent et deviennent plus forts. C’est donc une phase absolument essentielle Ă ma progression : sĂ©rotonine sĂ©crĂ©tĂ©e, libĂ©ration d’hormones de croissance, parois cellulaires renforcĂ©es, mitochondries rechargĂ©es⊠des Ă©lĂ©ments essentiels Ă ma rĂ©cupĂ©ration et mon renforcement musculaire.
En phase d’exercice, mon mĂ©tabolisme s’affaiblit puis lors de la pĂ©riode de repos, je rĂ©cupĂšre mes aptitudes et les dĂ©passe mĂȘme un peu. Si ma phase de repos dure trop longtemps, l’aptitude physique diminue Ă nouveau. Un bon schĂ©ma de progression de mes aptitudes physiques rĂ©side donc dans un savant Ă©quilibre entre l’exercice physique et le repos. La frĂ©quence de ces oscillations dĂ©pendra du type d’effort rĂ©alisĂ© pour progresser. En ce qui me concerne, des sĂ©ances courtes Ă haute intensitĂ© me demande presque autant de rĂ©cupĂ©ration que des sĂ©ances longues Ă basse intensitĂ©.
Comment bien établir les temps de repos durant les entraßnements et continuer de progresser?
– Ătablir les besoins Ă court, moyen et long terme

Je dĂ©compose tous mes programmes d’entraĂźnement en 3 cycles : hebdomadaire – mensuel â annuel
Hebdomadaire
Sur 1 semaine de mon plan dâentraĂźnement, jâopte toujours pour inclure une sĂ©ance type fractionnĂ©e (grĂące Ă du D+ parce que jâadore le trail pour mâentrainer) et toujours une sortie longue qui me fera jouer un peu dans ma zone de moyenne intensitĂ©. Le reste Ă©tant des sĂ©ances courtes Ă basse intensitĂ© (2 sĂ©ances dâune vingtaine de minutes par jour pour ma part quand cela mâest possible) et bien sĂ»r il est plus facile dâavoir Ă prendre moins de repos pour rĂ©cupĂ©rer physiquement aprĂšs ces 2 petites sorties quotidiennes. Pour ma sortie de type fractionnĂ©e et ma sĂ©ance longue, je reste toujours vigilant sur mon calcul du temps de rĂ©cupĂ©ration.
Mensuel
Annuel
La récupération en chiffres
Comme je dois constamment jouer avec le rĂ©gime de surcompensation, je cherche Ă sortir de ma zone de confort lors de deux (2) sĂ©ances hebdomadaires plus intenses sans tomber dans le surentraĂźnement. Cette progression se fait sur plusieurs semaines en vue d’une bonne prĂ©paration Ă un Ă©vĂ©nement ou un objectif que je me suis fixĂ© d’atteindre.
Trois (3) semaines avant mon Ă©vĂ©nement, je passe dans une phase oĂč je cherche Ă recharger mes batteries : les longues sorties diminuent, j’axe davantage sur le repos et l’option d’entraĂźnement spĂ©cifique est intĂ©ressante pour optimiser ma progression et ma performance lors de l’Ă©vĂ©nement ou l’objectif tant attendu. Enfin vient le jour J oĂč je peux tout donner!
Ensuite, vient la phase de repos qui sera INDISPENSABLE et ESSENTIELLE pour m’Ă©viter des blessures. Tout dĂ©pendant de l’intensitĂ© gĂ©nĂ©rĂ©e lors de ma compĂ©tition et en fonction de mon programme d’entraĂźnement, cette pĂ©riode de rĂ©cupĂ©ration s’avĂšrera plus ou moins longue.
Voici donc les calculs que jâai Ă©tabli et validĂ© pour optimiser ma rĂ©cupĂ©ration aprĂšs chaque sĂ©ance dâentrainement au quotidien. Calculs applicables Ă©galement pour lâĂ©valuation du temps de repos Ă prendre aprĂšs lâeffort continue intense de mon objectif ou dâune compĂ©tition :
- Pour chaque minute de course Ă basse intensitĂ© (50 % Ă 75 % de ma frĂ©quence cardiaque maximum), j’ai besoin de 5 minutes minimum de rĂ©cupĂ©ration.
- Pour chaque minute de course Ă moyenne intensitĂ© (75 % Ă 90 % de ma frĂ©quence cardiaque maximum), j’ai besoin de 20 minutes minimum de rĂ©cupĂ©ration.
- Enfin pour chaque minute de course Ă haute intensitĂ© (+ de 90 % de ma frĂ©quence cardiaque maximum), j’ai besoin de 40 minutes minimum de rĂ©cupĂ©ration.
Exemple : dans une phase quotidienne Ă haute intensitĂ©, si je table sur une sĂ©ance fractionnĂ©e de 12×30”-30” avec un 15 minutes d’Ă©chauffement et 10 minutes de retour au calme Ă basse intensitĂ©, voici mon calcul de temps de rĂ©cupĂ©ration minimum :
- 25 minutes total à basse intensité (échauffement + retour au calme) x 5 minutes de récupération = 125 minutes de récupération.
- 6 minutes total à haute intensité x 40 minutes de récupération = 240 minutes de récupération.
Donc sur cette séance de trente et une minutes avec plusieurs intervalles, je vais prendre au minimum 365 minutes de récupération.
En conclusion
Ce qui est gĂ©nial dans l’Ă©tablissement d’un bon plan de rĂ©cupĂ©ration c’est qu’on finit toujours par observer une amĂ©lioration. On rĂ©cupĂšre donc graduellement toujours un peu plus vite tout en amĂ©liorant sa santĂ© globale.
Donc, la rĂ©cupĂ©ration-repos devrait ĂȘtre l’unique attention des coureurs pour continuer de progresser et s’Ă©loigner des blessures…

Et vous, avez-vous prĂ©vu de la rĂ©cupĂ©ration et du repos dans votre plan d’entrainement ?